Fugitive parce que Reine – Violaine Huisman
Editions Gallimard – 11 Janvier 2018
Je remercie les Editions Gallimard pour cette lecture.
Résumé
« Maman était une force de la nature et elle avait une patience très limitée pour les jérémiades de gamines douillettes. Nos plaies, elle les désinfectait à l’alcool à 90°, le Mercurochrome apparemment était pour les enfants gâtés. Et puis il y avait l’éther, dans ce flacon d’un bleu céruléen comme la sphère vespérale. Cette couleur était la sienne, cette profondeur du bleu sombre où se perd le coup de poing lancé contre Dieu. » Ce premier roman raconte l’amour inconditionnel liant une mère à ses filles, malgré ses fêlures et sa défaillance. Mais l’écriture poétique et sulfureuse de Violaine Huisman porte aussi la voix déchirante d’une femme, une femme avant tout, qui n’a jamais cessé d’affirmer son droit à une vie rêvée, à la liberté.
Mon Avis
Dès les premières pages, on plonge dans l’intimité d’Elsa et Violaine, deux sœurs malmenées par une mère psychologiquement instable, mais profondément aimante. Violaine Huisman, l’auteure raconte de sa plume de grande qualité, touchante et fluide, ce quotidien complexe, sans jugement, comme on pose un constat, un résumé de vie, tel quel, brut, sans fioriture, avec la douceur des beaux instants et la crudité des violences. L’amour suinte à chaque page et, malgré les défaillances et les excès, malgré l’exposition d’une intimité qui parfois heurte – sommes-nous des voyeurs ? Quelle part de chaque histoire doit-elle demeurer secrète, privée ? – la vulnérabilité des protagonistes nous saute au visage, nous serre les tripes et nous bouleverse.
« Il fallait qu’elle nous raconte encore parce que nous n’avons pas compris, et pas seulement parce que nous étions des petites connes incapables de l’écouter, mais parce que c’était incompréhensible, parce que tous les mots de tous les dictionnaires n’auraient jamais suffi à expliquer ce qu’elle avait sur le cœur. Alors, elle multipliait les brouillons, elle s’auréolait de griffonnages frénétiques, elle se fabriquait une nouvelle peau de ses mélopées obsédantes, une cuirasse d’extrêmes impudeur, mais aussi, oui, d’infinie poésie, de fable, de fantaisie. »
Catherine, cette mère border-line, maniaco-dépressive, Violaine nous livre son histoire, dans la seconde partie de son roman. Elle l’humanise par le récit d’une enfance brisée et d’une construction vacillante. C’est une femme éprise de liberté entravée par un besoin éperdu d’amour et de reconnaissance. Elle poursuit de futiles bonheurs, se détruit, chaque jour davantage, s’accroche aux illusions, creusant le lit de sa folie. Ses excès s’intensifient au point de perdre pied, au détriment de ses filles ; ses filles qu’elle aime plus que tout, mais qu’elle oublie parfois, qu’elle élève sans limite, à coup de stilnox* et lexomil*, d’insultes et de baisers.
« La vérité d’une vie n’est jamais que la fiction au gré de laquelle on la construit. »
Violaine Huisman rend un puissant hommage à cette mère imparfaite. Elle tempère les évènements, explique, raconte et surtout évoque l’amour passionné des filles à une mère et d’une mère à ses filles.
Un premier écrit personnel magistral.
Une plume magnifique
Pour poursuivre, je vous propose de découvrir l’auteure Violaine Huisman (Son interview → ICI)
En lisant ta chronique, j’ai pensé à Rien en s’oppose à la nuit …je note bien sûr pour ne pas le laisser passer :-)))
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J’ai pensé aussi à « Rien ne s’oppose à la Nuit » durant toute la lecture 🙂
Ce roman est un très bel écrit 🙂
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J’aime beaucoup ces sujets qui tournent autour de relations compliquées entre mère et fille. Je le mets dans ma WL. J’avais aussi aimé le livre de Delphine de Vigan. C’est un témoignage en quelque sorte ?
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Oui, c’est autobiographique.
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ce roman est vraiment magnifique, une auteure à suivre de près!
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Oui, clairement ! 😊
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Forcément, il fera partie de mes prochaines lectures. Merci!
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👍🏻👍🏻👍🏻👍🏻
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Je viens de finir ce récit et il m’a vraiment bouleversée. C’est un récit poignant et intense. L’écriture est en effet magnifique et nous emporte. Je n’ai pas lu le livre de Delphine de Vigan mais Fugitive parce que reine m’a un peu fait penser à En attendant Bojangles.
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Un récit poignant et bouleversant, oui ! Je n’ai pas fait la comparaison avec En attendant Bojangles . Comme quoi, une lecture est personnelle et résonne chez chacun de différentes façons. ☺️
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Quel talent d’écriture ! je tiens l’auteur à l’œil et j’attend son prochain avec impatience . C’est aussi pour ça que j’adore les premiers romans 😊
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Oui, un vrai talent ! 🙂
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ça y est je suis allée à la librairie et je l’ai acheté, il est maintenant dans ma PAL, j’en ai quelques uns à lire avant et hop je fonce
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Super ! Tu me diras ce que tu en penses ! 🙂
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Oh oui bien sûr, c’est grâce à l’interview que tu as faite et ta très bonne chronique qui m’a donné envie de rentrer dans cette histoire de femmes !! Merci à toi
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😊😊😊😚
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