Rencontre avec l’auteure Marie-Charlotte Delmas
Marie-Charlotte Delmas est une auteure et une scénariste française. En tant qu’écrivaine, elle se s’oriente vers la littérature fantastique (pour adulte et pour la jeunesse). Sémiologue spécialisée dans les croyances populaires françaises, elle publie de nombreux articles et ouvrages sur ce sujet.
Ses dernières parutions sont : Dictionnaire de la France Mystérieuse (Éd. Omnibus, 2016) et Dictionnaire de la France Merveilleuse (Éd. Omnibus, 2017).
Marie-Charlotte sera présente au salon littéraire « Sous les Pavés, les Livres » à la Librairie Saint-Pierre* de Senlis le 2 juin 2018.
Elle a accepté de répondre aux questions d’Au Fil des Livres.
AFDL : Bonjour Marie-Charlotte, je vous remercie d’avoir accepté de répondre à mes questions.
Qui êtes- vous Marie-Charlotte Delmas ?
M-Charlotte : Ça commence fort ! J’ai trouvé cette question tellement embarrassante que j’ai écrit et réécrit ma réponse une dizaine de fois. Ça ne m’allait jamais. J’en disais trop, pas assez ! Nous sommes complexes, nous les humains, pas vrai ! Il y a des jours où l’on se trouve formidable, d’autres où l’on se dit « Pourrait faire mieux ! ». Disons pour faire bref, que je suis une personne plutôt joyeuse, curieuse et passionnée, avec un grand besoin de solitude, qui a tous les défauts de ses qualités, ce qui n’est pas peu dire !
AFDL : Écrire, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
M-Charlotte : Une activité naturelle. Lorsque je n’écris pas de livre, j’écris autre chose, des pensées, des réflexions que je décline, des idées qui me viennent. J’ai des carnets partout. Sur mon bureau, près de mon lit, devant la télé pour prendre des notes sur les documentaires que je regarde (j’aime aussi beaucoup les séries et les films, je vous rassure). Je surligne les livres que je lis pour pouvoir rédiger des fiches… En fait, écrire, c’est une façon de débarrasser ma tête, de libérer de la mémoire, de faire un peu le vide pour dégager de la place. Pour les livres, c’est la même chose. Mettre une histoire sur le papier, c’est l’évacuer, ce qui ne veut pas dire qu’elle doit toujours être partagée avec un public. J’ai écrit des histoires que je n’ai jamais montrées à personne. Il fallait juste que je m’en débarrasse. Rédiger un document ou un dictionnaire, c’est la même chose, confier au livre les informations que je n’ai plus besoin de retenir et les partager.
De l’air ! C’est aussi la raison pour laquelle je pratique la méditation de pleine conscience.
AFDL : Depuis quand écrivez-vous ?
M-Charlotte : J’ai appris à lire, toute seule, avant d’être scolarisée, et c’est devenu tout de suite une passion. Je me souviens encore du bonheur que j’ai éprouvé en comprenant les mots que je décodais dans le livre Mots et images. Dès que j’ai su les écrire, j’ai mis sur le papier les histoires qui se bousculaient dans ma tête. Rien de bien intéressant, c’est sûr. Et puis, vers 7 ans, je me suis lancée dans la poésie, et lorsque je relis les poèmes de la petite Marie-Charlotte, je me dis qu’ils n’étaient pas si mal. Mais suis-je vraiment objective avec cet enfant ? Sourire attendri !
AFDL : Quand trouvez-vous le temps d’écrire ?
M-Charlotte : Ce n’est pas tant une histoire de temps que d’envie. Lorsque j’écrivais des romans pour les enfants, il m’est arrivé, une fois, de m’installer avec un titre en tête, sans plus, à sept heures du soir en rentrant du boulot, et de finir l’histoire au petit matin. Le temps s’était complètement aboli, j’ignorais quelle heure il était, je n’avais qu’une idée en tête. Connaître la fin ! Il ne me restait plus ensuite qu’à retravailler le bouquin.
AFDL : Quelles sont vos sources d’inspiration ?
M-Charlotte : Compliqué ! Un méli-mélo de vie, de rencontres, d’appétence pour le fantastique et le mystère, pour la recherche. L’inspiration est un procédé magique, une sorte de saut quantique. On se réveille un matin et une nouvelle idée est là. On ne sait ni pourquoi, ni quel chemin elle a pris pour trottiner jusqu’à la conscience.
AFDL : Comment sont nés vos « Dictionnaires » ?
M-Charlotte : Dans l’enthousiasme et la douleur ! A raison de huit heures de travail par jour pendant presque quatre ans. Ils se sont imposés à moi, ne m’ont laissé aucun répit ! En général, quand je décide de m’atteler à un document, c’est pour avoir le livre que j’aurais aimé trouver lorsque j’ai commencé mes recherches. Pour les dictionnaires, il me semblait absolument nécessaire de partager, avec un large public, mais aussi avec des chercheurs futurs ou étrangers qui s’en serviront pour aller plus loin que moi, les données que j’avais amassées pendant vingt ans. Pour passer à autre chose !?
AFDL : Avez-vous un petit rituel d’écriture ?
M-Charlotte : Aucun, en dehors du fait que j’aime commencer très tôt le matin,l’esprit clair. Lorsque je suis obligée de m’y remettre l’après-midi, en cas de deadline éditoriale, je fais surtout des recherches et des corrections.
AFDL : Avez-vous de nouveaux projets d’écriture ?
M-Charlotte : Beaucoup, beaucoup trop. En germe, avancés, très avancés… Mais, pour le moment, aucun n’émerge avec un caractère d’urgence, une violente envie de m’y atteler. Lorsque l’un d’entre eux voudra venir au monde, il me le fera savoir. C’est toujours comme ça que ça se passe pour moi. En attendant, je retourne à mes premières amours, le théâtre, et je transforme mes conférences, qui finissaient par me lasser moi-même, en spectacles. Une façon aussi de renouer, à travers le temps, avec ma famille de saltimbanques. Un nouveau mode de partage avec les autres !
AFDL : Quels sont les livres de votre PAL ?
M-Charlotte : Ma PAL est toujours imposante, d’ailleurs j’en ai plusieurs, car j’aime beaucoup vagabonder d’un livre à l’autre. En dehors des lectures liées à mes recherches, je lis le soir ou le matin, et je choisis le livre ou la revue qui correspond à mon envie du moment. Pour vous répondre plus précisément, je viens de prendre la pile proche de mon lit. On y trouve, dans l’ordre : Le miracle de Spinoza de Frédéric Lenoir, un livre sur Senlis et son patrimoine historique, le numéro spécial d’une revue sur la physique quantique, Le Pic de l’esprit du physicien Philippe Guillemant, le denier numéro de la revue de la société de mythologie française à laquelle j’appartiens, Manger mieux et meilleur de Henri et Jean Joyeux. En relisant cette liste, je souris. Finalement, elle correspond bien à mes aspirations du moment. Penser, comprendre…et manger sainement !
AFDL : Quels sont vos trois derniers livres « Coup de Cœur »?
M-Charlotte : En général, j’aime les livres que je lis, car je les ai choisis. Certains me passionnent plus que d’autres. En ce moment, c’est la physique quantique qui m’enthousiasme le plus.
AFDL : Un dernier mot ?
M-Charlotte : Ce sera un mot de remerciement, pour votre travail, tout d’abord, mais aussi pour l’enthousiasme, la générosité et le professionnalisme des libraires de Senlis. Amandine déploie une énergie contagieuse, invente sans cesse de nouveaux projets qu’elle met en œuvre, de nouvelles animations et autres dédicaces. Et maintenant, un salon du livre. Le tout, avec le sourire, toujours ! Quel bonheur de voir ainsi vivre une librairie. Et c’est une ancienne directrice de médiathèque qui vous parle !