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Rencontre – Valérie Nimal

Rencontre Valérie Nimal

valérie nimal

Valérie Nimal vit et travaille en Belgique. Elle est l’auteure de fragments, « La robe de mariée » et d’un recueil de nouvelles, « Les Minutes célibataires » récompensé par le Prix Gros Sel du Jury 2009. « Nous ne sommes pas de mauvaises filles » paru aux Editions Anne Carrière est son premier roman.

AFDL : Bonjour Valérie, je vous remercie d’avoir accepté de répondre à mes questions. Qui êtes- vous Valérie Nimal?

Valérie : Enfant, j’ai découvert que j’étais multiple et que j’aimais en jouer, écouter les différentes voix qui résonnaient en moi et mettre en scène des marionnettes. Pour le reste, je suis timide et enjouée, extravertie et soupe au lait. Et obsessionnelle : je ferais 5000 km pour visiter un vignoble précis et boire du vin orange, un vin nature élevé en kvevri (amphore) depuis la nuit des temps.

AFDL : Écrire, qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Valérie : Ecrire, c’est traverser la cloison (la membrane, le rideau) qui sépare le réel de l’autre monde. Une expérience si intense qu’elle peut vous plonger dans une sorte de transe. En rédigeant « NNSPDMF », l’écriture m’a ramenée à la magie de l’Egypte ancienne, qui m’a toujours fascinée et dont j’ai visité des monuments funéraires. Dans un chapitre de mon roman, Maud, l’héroïne, doit vider la maison de sa mère. Elle tente de pénétrer dans une pièce secrète, cachée au fond d’une cave : le « serdab ». On trouvait cette pièce dans les monuments funéraires de l’Ancien Empire égyptien. Ce qui m’intéresse, c’est que ce lieu renferme une présence, une sorte d’aura : la statue d’un mort. Les Egyptiens, qui croyaient à la métempsycose, passaient de la nourriture et des offrandes aux défunts par une fente dans le mur du serdab… J’ai entretenu ce rituel en écrivant ce roman, qui parle de l’envoûtement d’une mère sur sa fille. De la volonté d’une mère d’en finir et de la culpabilité de ses filles de ne plus vouloir la retenir.

AFDL : Depuis quand écrivez-vous ?

Valérie : Enfant, j’écrivais des histoires très courtes et les lisais à mes proches.

AFDL : Quand trouvez-vous le temps d’écrire ?

Valérie : A Bruxelles, le soir ou à l’aube et surtout le vendredi, mon jour de prédilection, quand tout est calme dans la maison. J’aime aussi écrire sur mon téléphone ou dans des carnets, quand je voyage, ce qui m’arrive régulièrement.

AFDL : Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Valérie : La japonaise Yoko Ogawa est mon auteure fétiche, pour sa maitrise de la narration, sa façon de glisser presque imperceptiblement du réel vers le fantastique. Son univers étrange me bouleverse. Par ailleurs, je suis imprégnée de la peinture moderne de mon pays, la Belgique : Ensor et ses visions carnavalesques, Léon Spilliaert et ses autoportraits, Fernand Knhopff et ses muses, les forêts magiques de William Degouves de Nuncques. Magritte et le surréalisme belge, la poésie de Paul Nougé, la peinture de Jane Graverol, Rachel Baes et ses petites filles dédoublées… Tous habitent mon univers.

AFDL : Comment est né votre roman ?

Valérie : Une nuit, j’attendais aux urgences dans une salle de réanimation. Derrière un rideau jaune, des infirmiers s’agitaient : ils tentaient de sauver des patients entre la vie et la mort. Cette expérience intense qui touchait ma famille m’a plongée dans une veille proche de celle du sommeil, c’est là que j’ai commencé à imaginer « Nous ne sommes pas de mauvaises filles ».

AFDL : Peut-il être considéré comme une thérapie personnelle ?

Valérie : Plutôt une catharsis. Il s’agit de purger ses passions, ses obsessions. C’est un roman de désenvoûtement et de renaissance.

AFDL : Avez-vous un petit rituel d’écriture ?

Valérie : Quand j’écris à mon bureau, trois objets me tiennent compagnie : un scribe égyptien en basalte noir et la déesse chatte, Bastet. Tous les deux rapportés d’un voyage en Egypte. Il y a aussi une petite araignée, un ouvrage en crochet réalisé par une artiste.

AFDL : Avez-vous de nouveaux projets d’écriture ?

Valérie : Mon prochain roman parlera de l’adolescence et du consentement mutuel. Ce sera une nouvelle fois un roman d’émancipation féminine.

AFDL : Quelles seront vos trois prochaines lectures ?

Valérie : « Le mangeur de livres » de Stéphane Malandrin (il est finaliste, comme moi, du Prix Première du premier roman et j’ai très envie de le découvrir). Le roman d’une jeune autrice flamande au succès retentissant, Lize Spit, « Débâcle ». Et j’attends avec impatience le prochain livre de Virginie Despentes, écrivaine culte.

AFDL : Quels sont vos trois derniers livres « Coup de Cœur »?

Valérie : « Objet trouvé » de Matthias Jambon-Puillet, « Einstein le sexe et moi » d’Olivier Liron et « Tenir jusqu’à l’aube » de Caroles Fives.

AFDL : Un dernier mot ?  

Valérie : Merci !

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