Les Choses Humaines – Karine Tuil
Editions Gallimard- 22 Août 2019
Je remercie les Editions Gallimard pour cette lecture.
Résumé
Les Farel forment un couple de pouvoir. Jean est un célèbre journaliste politique français ; son épouse Claire est connue pour ses engagements féministes. Ensemble, ils ont un fils, étudiant dans une prestigieuse université américaine. Tout semble leur réussir. Mais une accusation de viol va faire vaciller cette parfaite construction sociale.
Le sexe et la tentation du saccage, le sexe et son impulsion sauvage sont au cœur de ce roman puissant dans lequel Karine Tuil interroge le monde contemporain, démonte la mécanique impitoyable de la machine judiciaire et nous confronte à nos propres peurs. Car qui est à l’abri de se retrouver un jour pris dans cet engrenage ?
Mon Avis
Les choses humaines. Ces « choses » que l’on porte, intrinsèques et profondes – des affects, une histoire. Des rencontres. Des expériences. Evolutives, tendues, imbriquées. Le titre donne la tonalité du roman.
J’ai lu de nombreuses critiques des fervents lecteurs de Karine Tuil, déçus par ce nouveau roman jugé facile et/ou lisse, trop caricatural, chargé d’un marketing commercial délitant sa qualité. J’ai lu des avis mitigés et tempérés, des commentaires quant à sa sélection dans la première liste du goncourt, des mots acerbes ou des lignes en demi-teinte sur des comptes de chroniques littéraires que je suis avec assiduité.
Le livre trônait sur ma PAL… j’avais envie de le lire tout en ayant tout de même une certaine hésitation. Appréhension. Et si j’appréciais cet écrit, serais-je une « quiche » face à mes copinautes boostagrammers ? …
Alors OUI ! Tant pis, je suis une quiche ! J’ai aimé ce livre !
Bien sûr, les personnages sont caricaturaux. La première partie du récit offre un panel éculé de personnages parodiques : un animateur télé sur le retour, abject et carriériste, clone peu subtil (et interchangeable) de ceux qui côtoient nos ondes depuis de nombreuses années, une essayiste, féministe en surface aux prises avec ses convictions, un fils nanti mais passablement négligé sur lequel pèsent tous les espoirs paternels, un amant torturé et une jeune fille engluée dans une éducation « cuculreligionneuse ». On mélange, on agite, on colle un peu de sensationnel au cœur de #metoo et de #balancetonporc, on ajoute un peu de Djiadhisme, une touche de réseaux sociaux, un brin d’Alzheimer et du droit à mourir dans la dignité … C’est impressionnant, tout y est !
BON. Et bien, j’ai trouvé que cela fonctionnait ! C’est gros, voire énorme mais, même à la truelle, l’auteure a su me convaincre. « Les choses humaines », voilà ! Des défauts, des évidences, des Hommes. Voilà, nous sommes moches, pétris de contradictions et… attachants. Oui, Attachants. (Je vous l’ai dit, je suis une quiche !)
J’ai donc poursuivi ma lecture et attaqué la seconde partie : le procès. Le jeune fils, le nanti sans épaisseur, est accusé de viol par la jeune fille sans … épaisseur. Débute l’enquête puis le procès, les culpabilités de chacun, les faux-semblants, les esquives. Chacun s’approprie l’évènement et nous, lecteurs, enfin moi puisqu’il semble que beaucoup soient restés sur la touche, tourne les pages comme une dératée pour connaître la suite. Je suis partagée, bousculée par ce texte descriptif, par ces scènes dénuées d’affect, documentées, précises, justes. Aucun parti pris de l’auteure. Elle décortique et livre. A chacun de se faire une opinion. Coupable. Non coupable. Consentement ou non. « Les choses humaines » s’invitent.
En conclusion, j’assume ma « quicherie ». Ce roman m’a énormément plu. J’ai aimé la plume directe et épurée, le style vif, les personnages humains, le contexte social éculé, le propos marketing, la provocation. J’ai totalement adhéré à la forme, à ce décryptage des failles humaines, à nos limites – la zone grise du consentement. J’ai été partagée tout au long de ma lecture, interrogée, percutée, secouée. J’ai aimé la liberté de mes avis, l’oscillation entre le vrai et le faux, le démontage des certitudes, les remises en question. L’amour aussi.
Ce roman est une fabuleuse lecture de la rentrée littéraire 2019.
j’ai bien l’intention de le lire, j’ai beaucoup aimé « L’insouciance » donc il devrait me plaire 🙂
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Hate de savoir ce que tu en penses. J’ai lu tant d’avis négatifs …
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Ravie que cela te plaise. C’est une photographie parfaitement réaliste de notre monde contemporain.
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Oui c’est exactement cela : une photo de notre société
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Je le s tout ou entend tout et son contraire sur ce roman…. Je le lirai pour Mr faire ma propre idée et peut-être être aussi une quiche…nous serons deux 😋
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Il n’y a pas de mal à être parfois quiche ! 😝😀
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Bon bon je vais craquer là c’est sur !!
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Ah chouette ! ✨
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Je n’ai jamais lu Karine Tuil mais L’insouciance est dans ma pal, je commencerai ma découverte par celui-là même si son dernier m’intrigue également, tu avais lu son précédent aussi?
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Non je n’ai pas lu. C’était une découverte de cette auteure. Je vais lire les précédents que bcp encensent.
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