En salle – Claire Baglin
Les éditions de Minuit – 1er Septembre 2022

Résumé
Dans un menu enfant, on trouve un burger bien emballé, des frites, une boisson, des sauces, un jouet, le rêve. Et puis, quelques années plus tard, on prépare les commandes au drive, on passe le chiffon sur les tables, on obéit aux manageurs : on travaille au fastfood.
En deux récits alternés, la narratrice d’En salle raconte cet écart. D’un côté, une enfance marquée par la figure d’un père ouvrier. De l’autre, ses vingt ans dans un fastfood, où elle rencontre la répétition des gestes, le corps mis à l’épreuve, le vide, l’aliénation.
Ma lecture
Claire trime dans un fast-food célèbre alignant les heures aux gestes répétitifs sans répit puisque, sous le regard des mana(gers), il faut être en perpétuel mouvement. Les box, les frites, le coup de chiffon sur les tables et les poubelles à vider, le sourire aux clients, la pression des rushs, les mains qui s’activent à s’en faire mal, toujours plus, malgré l’huile chaude versée sur les doigts, l’eau sur les sols jusqu’aux vestiaires, les remarques des insatisfaits. Elle tient.
Elle tient. Peut-être est-ce parce qu’elle vient d’un milieu modeste où le travail compte, comme celui de son père à l’usine ? Ce père en vaine quête de reconnaissance qui besogne dans un service de maintenance sans compter. Ce père fatigué qui conduit ses enfants au camping ou au fast-food, qui tait un accident de travail et se réjouit d’une médaille.
Claire évoque leurs quotidiens si semblables malgré les années écoulées. En parallèle se suivent son enfance auprès de ce père usé et sa vie actuelle d’employée dans une chaîne à burgers. Les obligations sont les mêmes, tenues autour d’un job à remplir coûte que coûte comme petites mains d’un vaste système. Lucide et pragmatique, l’autrice livre les faits tels qu’ils sont et nous laisse, nous lecteurs, tisser les liens entre les existences. D’une grande maîtrise, ce premier roman est un regard acéré sur le monde et sur le monde du travail, c’est un roman social que chaque détail construit minutieusement. Claire Baglin est très forte glissant ça et là les choses d’une vie : des virées en voiture aux sandwichs du pique-nique, un larcin à la déchetterie, un salon du livre, une manager zélée … et l’heure qui tourne inexorablement accélérant la course. La course à quoi ?
Lecture sur l’Homme, sur le travail, sur un système qui lamine, sur ce qui fait l’existence, lecture sur les « petites gens » auxquelles on dira « qu’il n’y a qu’à traverser la rue », sur celles et ceux qui s’oublient offrant à l’employeur plus que des heures réglementaires, « En salle » est un grand livre.
Une lecture « au top » !
Comme je partage cet avis et la révolte qu’on sent dans sa😉 conclusion
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Très tentée depuis sa parution et il vient d’arriver dans ma dernière commande à la médiathèque, ça tombe très bien ! 🙂
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