La chair est triste hélas – Ovidie
Editions Julliard – 16 Mars 2023
Coll. Fauteuse de troubles

Je remercie les Editions Julliard pour cette lecture
Résumé Editeur
« J’ai repensé à ces innombrables rapports auxquels je m’étais forcée par politesse, pour ne pas froisser les ego fragiles. À toutes les fois où mon plaisir était optionnel, où je n’avais pas joui. À tous ces coïts où j’avais eu mal avant, pendant, après. Aux préparatifs douloureux à coups d’épilateur, aux pénétrations à rallonge, aux positions inconfortables, aux cystites du lendemain. À tous ces sacrifices pour rester cotée à l’argus sur le grand marché de la baisabilité. À toute cette mascarade destinée à attirer le chaland ou à maintenir le désir après des années de vie commune. Cette servitude volontaire à laquelle se soumettent les femmes hétérosexuelles, pour si peu de plaisir en retour, sans doute par peur d’être abandonnées, une fois fripées comme ces vieilles filles qu’on regarde avec pitié. Un jour, j’ai arrêté le sexe avec les hommes. »
Autrice et documentariste spécialiste de l’intime et du rapport au corps, Ovidie retrace ici la trajectoire qui l’a conduite à quatre années de grève du sexe. Dirigée par Vanessa Springora, la collection « Fauteuse de trouble » articule intimité et émancipation, érotisme et féminisme, corps et révolte, sexuel et textuel.
Ma lecture
« Ce texte n’est ni un essai ni un manifeste. Il n’est en rien une leçon de féminisme ni un projet de société. Tout au plus est-il un exutoire, un texte cathartique en écriture automatique, un discours de colère et de désespoir, où l’affect amorce la réflexion »
Un mois puis trois, puis neuf, un an suit sur le tempo d’une grève qui perdure, et voici quatre, malgré deux entorses : quatre ans sans sexe avec un homme. Ovidie ne veut plus de ce sexe hétéro pour lequel les dés sont pipés. Elle a cessé de subir cette fameuse (fausse) plénitude revendiquée socialement par le schéma éprouvé d’une pénétration suivie d’une éjaculation … schéma duquel découlent parfois douleurs, cystite et/ou mycose. Alors, ras le bol du poil pourchassé sur la chatte qu’il faut faire lisse, de la lingerie à la dentelle rugueuse, des talons qui vrillent l’échine et fracassent les mollets, ras le bol de l’apparence qu’il faut soigner en vue d’une séduction, le cheveu teinté, le rouge aux lèvres, le rire aigu plaqué à une œillade calculée ou au bouton dégrafé. La pression s’effrite et le carcan se fissure. « Les hommes baisent mal », ce n’est pas un secret mais chut … alors on arrête. A quoi bon se foutre la rate au court-bouillon !
L’idée (170 pages passionnantes) se lit en quelques heures rappelant ce à quoi peuvent se réduire les relations sexuelles avec un homme : un enjeu qui efface une gratuité pour le paiement d’un confort physique, psychique, financier, une réassurance, un socle affectif. Est-ce nécessaire ? Peut-on s’épanouir sans ? Les arguments se succèdent, pertinents, et permettent de décortiquer une réalité qui … chut (encore) … ne se dit pas … ou peu. Ovidie ose, bousculant le grand Mâle et le sacro-saint coït formaté. Enfin !
L’écrit est franchement plus qu’intéressant, instructif. Il est un pavé nécessaire dans un monde qui doit poursuivre son évolution, un monde où peu à peu la parole se libère et où les femmes apprennent à refuser ce qu’elles ne veulent pas/plus (chacune étant en phase avec sa propre expérience sans que ne soit étalée une recette à suivre.)
Il est bon de lire ce livre et de le faire lire, de souffler un grand coup et de se dire « mais ouiii ! », de réfléchir, d’arranger et de broder, de réfléchir à nouveau, d’en prendre et d’en laisser, de s’approprier l’idée ou de la refuser, de réfléchir encore, de faire un bilan, et puis d’entendre tout simplement parce rien n’est à jeter dans ce livre qui ne se veut ni essai, ni manifeste mais qui au fond est un grand silence évoqué tout haut.
Une lecture hors des sentiers battus, essentielle.
ENFIN 🎉
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Je le lis bientôt !
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Tu vas te régaler ! Bonne lecture 📖
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