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Suiza – Bénédicte Belpois

suiza

Suiza – Bénédicte Belpois

Editions Gallimard – 7 Février 2019

coeur 5

 

 

 

Je remercie les Editions Gallimard pour cette lecture.

Résumé

« Elle avait de grands yeux vides de chien un peu con, mais ce qui les sauvait c’est qu’ils étaient bleu azur, les jours d’été. Des lèvres légèrement entrouvertes sous l’effort, humides et d’un rose délicat, comme une nacre. À cause de sa petite taille ou de son excessive blancheur, elle avait l’air fragile. Il y avait en elle quelque chose d’exagérément féminin, de trop doux, de trop pâle, qui me donnait une furieuse envie de l’empoigner, de la secouer, de lui coller des baffes, et finalement, de la posséder. La posséder. De la baiser, quoi. Mais de taper dessus avant. »

La tranquillité d’un village de Galice est perturbée par l’arrivée d’une jeune femme à la sensualité renversante, d’autant plus attirante qu’elle est l’innocence même. Comme tous les hommes qui la croisent, Tomás est immédiatement fou d’elle. Ce qui n’est au départ qu’un simple désir charnel va se transformer peu à peu en véritable amour.

Mon Avis

Ce roman ne peut laisser indifférent tant il bouscule ce à quoi on pourrait s’attacher.

D’abord, il y a l’écrit d’une immense qualitéune plume magnifique, ciselée, percutante, des mots posés au bon endroit, parfaits, offrant une musique littéraire captivante. L’auteure imprime la chaleur et la langueur de la Galice, rend le village et ses limites, son étroitesse et sa lourdeur. Les personnages sont perlés. Tomás, Ramón et Suiza, des écorchés, des malmenés pour lesquels le cœur se serre, bourrelé d’empathie et d’émotions. Ils sont si vifs et attachants. Sans artifice.

A chaque phrase, l’ambiance se crée, étouffante et pesante, et très vite, on s’imagine à boire un verre de rioja dans le bistrot d’Alvaro ou à suivre les labours. On se voit même à l’hôpital aux côtés de Tomás dont on voudrait tenir la main.

Le roman se dévore tel un coup de cœur sans vouloir perdre la moindre ligne.

Ensuite, il y a le MAIS.

Mais le récit me heurte. Je dois être méchamment imprégnée par ma profession.

Tomás est un homme rude, mal élevé et tourmenté. Je l’ai aimé et … détesté face à Suiza, jeune femme à la sensualité débordante, belle, fraîche et naïve. Simple. Brave. Sotte. Dénuée d’un consentement éclairé ou d’un vrai discernement. La « pimpin » du village. On la prend. Elle accepte. Pardon … accepte-t-elle ?

Tomás la veut, Tomás ne pense qu’à cela, Tomás la baise. Il prend ce petit bout de femme échappée d’un foyer suisse, réduite à un corps. L’amour éclot après le sexe. Tomás la choie, la gâte, l’aime. Mais, difficile d’oublier la première fois dans le champ, le sexe dans la forêt … difficile de faire abstraction de la domination, de la brutalité et de l’exploitation. Difficile d’être touchée par cette histoire dite d’amour. Les sentiments bloquent, la morale s’interpose. Le droit. La protection.

Mais, ce « mais » que j’interpose m’interroge. N’est-ce pas là le génie d’un auteur de provoquer ainsi  et susciter tant d’émotions ?

Alors ?

Alors, ce roman est un roman à lire ABSOLUMENT et Bénédicte Belpois, une romancière à suivre.

Pour poursuivre, je vous invite à découvrir Bénédicte Belpois dans l’interview qu’elle m’a accordée ⇒ ICI .
Outre ses révélations sur sa personnalité, son rapport à l’écriture, ses lectures … Bénédicte Belpois répond aux questions relatives au « MAIS » de ma chronique. 

ET pour compléter votre découverte, voici l’interview filmée réalisée lors de la venue de Bénédicte Belpois au festival « Les livres dans la boucle » 2019 à Besançon ⇒ ICI

 

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