Nirliit – Juliana Léveillé-Trudel

 

Nirliit – Juliana Léveillé-Trudel

Editions La Peuplade – 6 Octobre 2015

 

 

 

Je remercie la Kube pour cette lecture. 

Résumé

Une jeune femme du Sud qui, comme les oies, fait souvent le voyage jusqu’à Salluit, parle à Eva, son amie du Nord disparue, dont le corps est dans l’eau du fjord et l’esprit, partout. Le Nord est dur – «il y a de l’amour violent entre les murs de ces maisons presque identiques» – et la missionnaire aventurière se demande «comment on fait pour guérir son cœur». Elle s’active, s’occupe des enfants qui peuplent ses journées, donne une voix aux petites filles inuites et raconte aussi à Eva ce qu’il advient de son fils Elijah, parce qu’il y a forcément une continuité, une descendance, après la passion, puis la mort.

Mon Avis

Son regard et ses mots de blanche, sur eux, elle qui les connait et les côtoie, ces gens du Nord, Inuits de Salluit, bourg d’un millier d’âmes rongées par la drogue et l’alcool. Les femmes trinquent, les enfants s’élèvent seuls, enfants de tous, conçus les soirs de débauche et de misère, quand on oublie la pauvreté et le chômage, conçus sur l’espoir d’un meilleur ou l’oubli ou la violence. Parce que c’est ça le quotidien : une violence faite aux femmes et aux enfants que l’on prend, frappe et utilise. Aucun espoir si ce n’est que partir à Québec ou Montréal, autant dire l’impossible – une mauvaise option.

Sur les traces d’Eva son amie disparue – une femme inuite parmi d’autres dont la mort n’intéresse personne, la narratrice ne juge pas mais constate. L’engrenage. Le dénuement. Ces études qu’ils arrêtent ou ne font pas. Les addictions. Les maltraitances. La répétition. Un état des lieux indispensable à partager.

Le ton est celui de l’urgence à relater les faits mêlée à la douceur de l’amour qu’elle porte au site et aux personnes. Des phrases empruntes d’une compassion sincère et de tendresse, néanmoins vives et acérées.

Un texte aussi percutant qu’émouvant.