Les contemplées – Pauline Hillier

Les contemplées – Pauline Hillier

Editions de la Manufacture de livres – 9 février 2023

Je remercie La Manufacture de livre pour cette lecture.

Résumé Editeur

À l’issue d’une manifestation à Tunis, une jeune française est arrêtée et conduite à La Manouba, la prison pour femmes. Entre ces murs, c’est un nouvel ordre du monde qu’elle découvre, des règles qui lui sont dictées dans une langue qu’elle ne comprend pas. Au sein du Pavillon D, cellule qu’elle partage avec vingt-huit codétenues, elle n’a pu garder avec elle qu’un livre, Les Contemplations de Victor Hugo. Des poèmes pour se rattacher à quelque chose, une fenêtre pour s’enfuir. Mais bientôt, dans les marges de ce livre, la jeune femme commence à écrire une autre histoire. Celle des tueuses, des voleuses, des victimes d’erreurs judiciaires qui partagent son quotidien, lui offrent leurs regards, leurs sourires et lui apprennent à rester digne quoi qu’il arrive.
Vibrant d’humanité, Les Contemplées, roman autobiographique enflammé, nous livre l’incroyable portrait d’un groupe de femmes unies face à l’injustice des hommes.

Ma lecture

Elle aurait pu manifester pour la libération d’une journaliste comme prévu, seins nus tagués dans le groupe des Femens, crier quelques slogans puis rentrer à bon port dans le cocon de son confort d’occidentale nantie. Sa conscience aurait été saine, ses certitudes confortées dans un bon droit qu’elle se donnait. Mais non, bien sûr que non, les faits ne se sont pas conformés à l’issue attendue, ce serait trop facile : l’évènement a déconné. Arrestation, fouille et voilà qu’un mois s’ouvre sur un rabattage de caquet. Qui est-elle cette française larguée au cœur d’une prison de Tunis ?

Récit autobiographique sur évènement vécu en 2013, « Les contemplées » offre un témoignage venant des tripes. Un vécu à la Manouba, Pavillon D, où les femmes s’entassent à 28 dans un espace exigu où chacune porte les stigmates de lois d’hommes. L’une est accusée d’adultère sans preuve, l’autre est jugée après un viol, l’autre encore se prostitue… Toutes survivent. Pauline se plie aux règles, observe et raconte.

De la chair et du sang, du vrai. La vie. Le texte pourrait être un déballage sur soi, sur son vécu, mais il ne l’est pas. L’autrice s’efface pour laisser place aux femmes qui l’entourent. Aucun jugement dans les jours qui se comptent, le manque, la différence. Le texte est humble. Il est celui qui change le regard, qui rappelle à l’ordre. Les femmes s’organisent, se soutiennent ; Pauline apprend puis nous explique. J’ai beaucoup aimé ce riche écrit que j’ai dévoré en quelques heures. J’y ai lu toute la force que revêt la sororité. C’était fort, émouvant, poignant.

Une lecture qui m’a beaucoup touchée.