Roman Contemporain

Ne Préfère pas le Sang à l’Eau – Céline Lapertot

Ne prefere pas le sang a l eauNe Préfère pas le Sang à l’Eau – Céline Lapertot

Editions Viviane Hamy – 11 Janvier 2018

Coup de coeur

 

Je remercie les Editions V.Hamy et Typhaine pour cette incroyable lecture : une pépite !

Résumé

 » Cette sensation de fin du monde, quand tu as dix ans et que tu comprends, du haut de ton mètre vingt, qu’il va falloir abandonner la sécheresse de ton ocre si tu ne veux pas crever. Je serais restée des millénaires, agenouillée contre ma terre, si je n’avais pas eu une telle soif. Maman a caressé la peau de mon cou, toute fripée et desséchée, elle m’a vue vieille avant d’avoir atteint l’âge d’être une femme. Elle a fixé les étoiles et, silencieusement, elle a pris la main de papa. On n’a pas besoin de discuter pendant des heures quand on sait qu’est venu le moment de tout quitter. J’étais celle à laquelle on tient tant qu’on est prêt à mourir sur les chemins de l’abîme. J’étais celle pour laquelle un agriculteur et une institutrice sont prêts à passer pour d’infâmes profiteurs, qui prennent tout et ne donnent rien, pourvu que la peau de mon cou soit hydratée. J’ai entendu quand maman a dit On boira toute l’humiliation, ce n’est pas grave. On vivra. Il a fallu que je meure à des milliers de kilomètres de chez moi. « 

Mon Avis

Le lieu est imaginaire, l’époque incertaine – un futur proche peut-être -, les hommes soumis à une dictature. La démocratie n’est plus depuis que la Grande Citerne, gigantesque construction, source intarissable d’eau, a été détruite. On ignore qui l’a faite exploser, on pense que ce sont probablement les migrants, ces nez-vert qui ont envahi la ville – eux dont les terres sont arides et que la soif déracine. Misant sur la peur et l’angoisse collective, la tyrannie s’impose, réprime et emprisonne.

A travers les témoignages de Karole, petite fille migrante assoiffée et Thiego résistant arrêté et incarcéré, se dessine toute la complexité de l’âme humaine traversée de sentiments incertains. La peur côtoie la trahison, l’espoir la rédemption, la liberté la survie, l’opposition le silence. L’histoire agite, n’est-elle pas envisageable ? La fiction tutoierait-elle une part de réalité ?  

Mais, au-delà du récit, c’est la langue qui m’a subjuguée. La langue de cet écrit est d’une grande beauté. Elle est musicale, poétique, intense. Les phrases se lisent, se relisent, se reprennent ; elles chantent et, dans ce contexte grave et poignant, les mots sont puissants, imbriqués, noués, on ne peut imaginer mieux.

Cet écrit donne tout son sens à la lecture, il partage l’amour de la langue et le plaisir des mots.
Un écrit violent qui suscite une émotion intense.

Pour poursuivre, je vous invite à découvrir Céline Lapertot dans l’interview qu’elle a accordée au blog ⇒ ICI.

 

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